Le piege sucré [PV Peter]

Cet endroit était gigantesque. Le jeune garçon aurait besoin d'aide pour retrouver son chemin, car sinon, il était sûr qu'il mettrait un certain temps avant de trouver la sortie. Ce château était terriblement imposant ; quelque part, il en paraissait presque menaçant Mais qu'il était magnifique... On ne le répéterait jamais assez, mais cette demeure était une merveille toute droite sortie d'un joli conte de fée. Elle était...parfaite ; quoique même ce terme ne suffisait pas à décrire ce palais, aucun mot n'en était capable. Cet édifice était à l'image de sa propriétaire ; majestueux, élégant, incroyablement beau. Et pourtant, La beauté de la reine surplombait celle de son château. Son éclat était tel, qu'il faisait de l'ombre au merveilleux décor qui l'entourait. Peter se sentait tout petit, il ne savait pas où se mettre. Il continuait à suivre la reine avec hésitation. Il avait l'impression d'être une souillure dans le tableau. Il ouvrit la bouche afin de s'excuser une fois de plus pour son intrusion clandestine dans le domaine de la souveraine, mais la refermât aussitôt, se demandant si le fait de parler continuellement n'aggraverait pas son impolitesse.
La jeune femme se retourna vers lui et constata que son invité tenait toujours précautionneusement le hérisson dans ses mains.

"Lâche le, lâche cet animal, il est chez lui ici, il n'a rien à craindre, ne t'inquiètes plus pour lui."

A ces mots, Peter s’exécuta. Il s’accroupit puis posa l’animal à terre. Celui s’empressa de s’éloigner à toute vitesse des deux individus, se cacha sous un meuble et se mit en boule continuant de trembloter dans son coin. Peter regarda le hérisson avec pitié ; il s’était presque pris d’affection pour la créature. Puis de nouveau, il suivit la reine qui le conduisait à travers maintes et maintes pièces, toutes plus somptueuses les unes que les autres. Ils arrivèrent dans un spacieux salon entièrement vêtu de rouge enflammé. La tapisserie, le sol, le mobilier…tout était d’un rouge incandescent ; un rouge sanglant.
La maîtresse des lieux pris place dans un impérial fauteuil de velours bien évidemment rouge lui-aussi. Assise dans se trône, elle semblait bien plus imposante encore ; invincible et dominatrice. Peter ne se sentait pas particulièrement à l’aise. Il n’osait pas s’asseoir de peur de faire de nouveau preuve d’impertinence. Puisque la Reine ne lui avait pas donné l’autorisation de prendre place dans un des fauteuils, il estima bon de rester debout jusqu'à se que cette permission lui soit accordée.
Afin de dissimuler son malaise, le rouquin ne put s’empêcher de prendre la parole ; il s’efforça de prendre un ton assuré pour dissimuler les tremblements qui trahissaient l’intonation de sa voix.

- Votre Château est vraiment…très très beau Madame, euh… votre Majesté. Je ne me souviens pas d’avoir déjà vu quelque chose d’aussi…impressionnant.

Il marqua une pause, puis reprit :

- je vous remercie mille fois d’être aussi accueillante avec moi. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas m’imposer trop longtemps ; mais j’espère que vous me permettrez de revenir vous rendre visite.

Peter se mit à rougir. Il ignorait si se qu’il avait dit était approprié ou non. Après tout, il n’avait pas le souvenir d’avoir déjà conversé avec une personne de rang royale, puisqu’en vérité, il ne se souvenait pas de grand-chose.
Tout ce rouge était écrasant. Le jeune garçon avait l’horrible sensation de n’être rien entre ces murs.

"Assis toi, je t'en pris, prend un de ces moelleux fauteuils, ils sont là pour ton bon plaisir."

Le jeune homme qui commençait à sentir des fourmis lui parcourir les jambes ne se fit pas prier deux fois et s’exécuta sans attendre. Une sonnette au tintement léger retentit ; près de la porte, des personnes s’agitèrent. Des personnes ? Le terme n’était pas tout à fait exact. Ça ressemblait plutôt à…des tapis ; des tapis avec des bras des jambes et une tête. Le jeune garçon plissa les yeux pour mieux distinguer se qui ce mouvait dans la pénombre ; et voilà ce qu' il vit : Ce n’était non pas des tentures qui s’agitaient ainsi, mais des cartes. Des têtes humaines posaient sur des corps de cartes. Peter ne savait pas s’il trouvé ses créature effrayantes ou bien fascinantes. Il mourrait d’envie de se lever et de palper ces étranges choses. Est-ce que ça pouvait avoir mal ? Peut-être ne pouvaient-elles pas parler ? Arrivaient-elles à courir avec leurs pieds reliés de façon si particulière ? Pouvaient-elles se plier symétriquement ?
Le rouquin sursauta légèrement lorsqu’il entendit une porte s’ouvrir. Un…puis deux…puis trois…une multitude de plats pénétrèrent dans la pièce. Ils débordaient de confiseries, de pâtisseries de toutes formes, nappé de sucre glace, de coulis de fraise, de chocolat fondu… Il y en avait tellement !! Son œil gauche à lui seul n’arrivait pas à tout observer. Il y en avait pour tous les goûts et de toutes les couleurs ; à la cerise, au citron, à la pomme… toutes les saveurs du monde étaient réunis dans ces plateaux. La table sur laquelle avaient été posés ces-derniers était tellement encombré que les cartes-valets ne savaient plus comment disposer la vaisselle. Une fois qu’ils eurent posés tous les plats, les serviteurs lancèrent à leur maîtresse un regard inquiet et suppliant. Puis ils quittèrent la pièce avec empressement, ne cherchant pas à s’attarder plus longtemps.

"Voilà les sucreries et gâteaux qui ont été préparés spécialement pour toi ! J'espère qu’ils te plairont, s'ils ne sont pas bons dis le moi. Je ferais punir comme il se doit les cuisiniers. Si tu veux autre chose, dis le aussi, l'ordre de concocter ce qui te fait plaisir sera donné immédiatement. Sache que tu es un invité royal. Tu as tout les droits, tant que tu passes par moi...
Quand tu aura terminé nous irons nous promener, ou si tu es fatigué, je demanderais à mes cartes de te montrer tes appartements, royaux bien entendu."

Ça devait être ça qui avait effrayé les cartes-valets ; ils devaient redouter une potentielle correction. De toute façon, jamais aucun de ces gâteaux ne pouvaient-être immangeable.

Peter ne prêta quasi pas attention à la suite du discours de la Reine ; en pleine concentration, il ignorait par quelle pâtisserie il débuterait son festin. Hmm…le choix était de taille. Que faire, que faire… procédons d’abord par élimination. Il fallait commencer par quelque chose de pas trop lourd, de rapide à avaler ; deux bouchées au grand maximum devaient faire l’affaire. Mais il fallait également que ça soit savoureux, délectable, que le goût ne disparaisse pas aussi promptement que le mets. Les critères de sélection établis, il se décida enfin. Il opta pour un petit chou au chocolat, nappé de ce qui semblait être de la fraise. Succulent !! Incroyablement succulent !! C’était doux et vivifiant à la fois !! Bien qu’il lui ait fallu d’une seule bouchée pour engloutir l’aliment, le goût, lui, demeuré sous son palais. Il était comme éternel, impérissable. Le rouquin, envoûté par tant de saveur, ne s’attarda pas à saisir une deuxième pâtisserie. Cette fois-ci, il pencha pour une mini tartelette au citron. L’effet fut le même ; enivrant et enchanteur. Merveilleux !! Alors il prit un autre de ces petit gâteaux qui fut tout aussi savoureux ; et un quatrième follement exquis.

Voyant que la reine ne mangeait rien, Peter stoppa la cadence essayant de s’abstenir un minimum pour ne pas avoir l’air trop grossier. Elle avait l’air ailleurs, rêveuse ; à quoi pouvait-elle pensait ? Il ne voulut pas la sortir de sa songerie ; enfin, à sa place, il n’aurait pas souhaité qu’on le lui en sorte. Les yeux perdu dans le vague, Sa Majesté souriait. C’était un sourire différent de ceux qu’elle avait précédemment offert au jeune rouquin. Ce sourire-là semblait plus…sincère bien que légèrement triste ; le sourire doux d’une jeune fille et non celui d’une reine. Ainsi, elle paraissait plus accessible, plus humaine. Non pas qu’elle avait jusqu’à présent fait preuve d’inhumanité, loin de là… ; mais en ce moment précis, elle ne rayonnait pas de cette beauté divine, elle brillait différemment ; de façon bien plus belle encore ; car ce qui illuminait son visage, c’était sa véritable nature, ce qu’elle était vraiment. Elle ne semblait pourtant pas plus heureuse en cet instant ; mais elle était elle-même. Peter la préférait comme ça. Il la trouvait bien plus belle ainsi.

Il avait besoin d’air. Il avait toujours besoin d’air ; besoin de s’évader, de se sentir libre, même si cette liberté était elle aussi qu'une simple illusion. Le jeune garçon se leva et alla ouvrir la fenêtre. La vue donnait sur les jardins. On pouvait y voir des cartes taillant les buissons, arracher les mauvaises herbes, planter de nouvelles pousses…etc. Peter se pencha par la fenêtre à la limite de tomber. Comme ça, il avait presque l’impression de voler, presque l’impression d’être libre. Lui aussi se mit à sourire ; le sentiment de liberté était souvent quelque chose d’éphémère, c’est pourquoi il voulait entièrement déguster cette sensation, la savourer comme les gâteaux qu’il avait avalé ; il frissonnait de plaisir. A présent, il avait trop d’air dans les poumons. Mais il aimait ça ; il préférait se sentir sur le point d’exploser que sur le point d’étouffer. Le paysage qui entourait le château était incroyable. Il semblait infini, interminable. Le jeune homme voulait fouler ces plaines et ces forêts. La durait de sa vie serait-elle suffisante pour lui permettre de tout découvrir de ce monde ?
Se sentant basculer dans le vide, Le rouquin rentra brutalement à l’intérieur, et manqua de justesse de s’effondrer sur le parquet. Ses esprits retrouvé il se retourna vers la reine.

- Je suis vraiment désolé, je vous demande mille fois pardon, mais je ne peux pas rester ici ce soir. Je vous promets de revenir vous voir !! Vous êtes vraiment quelqu’un de très gentille ; je ne pensais vraiment pas que vous serez si chaleureuse avec moi, mais je ne veux pas être une gêne ! vous vous êtes déjà donné tant de mal pour moi, vous comprenez, je ne sais pas comment vous remercier ; en plus je n’ai rien à vous offrir…

Ce n’était pas à la Reine de cœur qu’il avait dit ces mots, mais à la jeune femme qui tout à l’heure souriait de façon naturelle et mélancolique. Peut-être n’aurait-il pas dû parler de la sorte ; mais en s’adressant ainsi à elle, Peter espérait revoir cette demoiselle qui était bien plus belle que la souveraine de ce royaume.