Le plus bel endroit, c'est le mien !

Combien de temps maintenant ? Au moins une demie-heure. Ces saletés de soldats cartes sont tenaces. Cette cachette aura raison de ma victoire sur eux, déjà cinq minutes qu'ils m'ont perdu. Malgré le bruit de ma respiration haletante et bruyante. Un sprint aussi long lui rappelait le lapin de la forêt. Trente longues minutes qu'on le poursuivait. Crevant. Le chef de régiment se détache soudain de ces soldats. Un air mécontent étire son visage dans une grimace terrifiante, ou hilarante. Ça dépend, pour le soldat ou pour Lun qui dissimuler par son arbre observe la scène de loin. Un soldat carte plus courageux que les autres s'approche de son chef et commence à bafouiller que le jeune homme sans les comprendre imagine très bien. Un sourire satisfait, il commence à déguerpir en silence. La surveillance est relâché tout le monde se réunit autour du chef. Un soulagement, puis une branche craque. Lun s'arrête et ne bouge plus. Une carte qui s'attardait par là inspectait le buisson sous lequel il avait trouvé refuge. Plus un bruit, plus un geste. Un grognement plus ou moins compréhensible appelle le trainard. Le soldat hésite, puis s'en va. Cette fois ci la voie est réellement libre, Lun se dégage de sa cache et part l'air serein les mains dans les poches. Un cri lui parvient le faisait rire mécaniquement. Quels bandes d'idiots. Plus que quelques kilomètres.

Ce sentier, ça faisait un moment qu'il ne l'avait pas emprunté. Personne ne vient par ici d'habitude mais cet endroit est pour lui un sanctuaire. Un endroit calme, assez pour mettre ces idées en ordre et s'il n'était pas là pour ça, ça ne lui ferait pas de mal. Le cri d'un hibou le sortit de sa torpeur tandis qu'au bout de quelques minutes il atteint enfin son but qui se trouvait être une table. Une table en pleine air et sur laquelle est posée une multitude de choses. Encore quelques pas, d'ici elle lui apparue. Personne comme la première fois qu'il était venu ici. Posant ces mains sur le bords de la table il décida d'ignorer la présence d'objets sur la nappe. Un grand geste du bras lui fit assez de place pour pouvoir s'allonger. Ce qu'il fit. Il s'allongea, sur la table. Pas très confortable certes mais avec ces mains comme dossier pour sa tête et ce ciel pourvu de nombreuses étoiles... c'est suffisant. Les yeux perdu dans l'immensité du ciel, il pensa pendant de longues minutes. S'endormit, malgré l'heure pas très avancé du soir. Un bruit.

Plus tard dans la nuit, beaucoup plus tard quand la lune se trouva à son apogée dans le ciel. Le jeune homme fut réveillé par un bruit. Un bruit qu'il n'arrivait pas à identifier. Chose détestable. Une voix qu'il devait comprendre, qu'il ne connaissait pas. Ça parlait, ou non, ça pleurait, peut-être bien que ça rigolait, difficile de savoir. L'endroit d'où elle venait lui semblait vague pour le moment mais ce son s'approchait de lui d'un côté ou de l'autre. Se redressant sur ces coudes il jeta des regards autour de lui pour tenter de comprendre ce qui arrivait sur lui, comment pourquoi et surtout qui. A cette heure...?

« Bonsoir, Mademoiselle Nuit ! Vous êtes splendide. Je suis Couleur, pour vous servir. Oh, mais il semble que votre amant la Lune n’apprécie pas mes flatteries ! Oui, je vais me taire. Bonne nuit…mademoiselle Nuit ! »

« Une échelle, s’il vous plaît ! »

« Je suis…confus. Le terme est confus, voilà le fait. Je suis confus de vous avoir pris pour un escabeau. Il semblerait que ce soit mal vu, dans ce Monde, de prendre quelqu’un pour un escabeau. Je ne m’excuserai pas ! Mais, je suis confus. Auriez-vous vu une rose bleue ? »

« Je suis Couleur ! Couleur, Couleur, Couleur…oui, je suis Couleur. Enchanté, monsieur le faux-escabeau. »

[désolé de passer au "je", petite envie]

Ce gars m'ait monté dessus ! Ce gars à grimper sur moi comme sur une échelle ! Abasourdis je le vois qui se dégage constant que évidemment ce n'est pas aussi statique qu'une échelle devrait l'être, je ne tiens pas en place, je suis constitué de chair et je n'ai pas le sens de l'équilibre. Et ce gars a grimpé sur moi ! Étrange pourquoi d'ailleurs ? Que cherche-t-il ? Je suis perplexe. Sa présence ici m'étonne mais au lieu de ça je suis énervé car il m'a pris pour un objet. Il s'excuse d'une façon si étrange, je souris. Quel personnage bizarre. Je crois que j'ai renversé une tasse, y a eu un bruit de vers brisé. Qu'importe cette table a plus de tasses que de personnes pour les utiliser de toute façon.
je me redresse et pour être sur d'éviter toute autre confusion je décide de me lever. Pourquoi pense-t-il à se présenter, il est deux heures du matin, j'ai autre chose à faire que de dire bonjour à quelqu'un qui me monte dessus pour aller je ne sais où. Tiens c'est vrai ça, qu'avait il à faire d'un escabeau ? Quel drôle de personne. En fait je crois que je resterai bien éveillé pour faire plus ample connaissance, que fait il ? Il cherche une rose bleue. Les roses bleues n'existent pas. Quoi que. J'ai un étrange souvenir de roses bleues dans ce monde mais pas par ici, je crois un peu plus loin. Ce n'est qu'un songe, j'ai un doute. Tiens je viens de comprendre que ces excuses n'en était pas, je suis de nouveau énervé mais je pense pour l'aider le mieux sera de se présenter, aucune remarque sur le fait que prendre une personne pour un escabeau c'est pas poli ! Sale type étrange, va ! Il m'a pourtant l'iar sympathique, j'hésite. Mon tee-shirt est couvert de traces terreuses dues à ces chaussures. Quelle idée de grimper sur un être vivant. J'enlève ce que je peux avec ma main et me tourne vers lui. Garder le silence serait aussi impoli, je me résigne à le saluer.

- Je suis Lun, je ne suis pas un faux-escabeau, je suis un enfant perdu. Enchanté Couleur. Pourquoi veux-tu un escabeau, que comptes-tu en faire, nous sommes en pleine nuit, tu sais ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai précisé que c'était la nuit pour être honnête j'avais cru remarqué que ça ne le gênait pas du tout. Par contre ça n'avait pas non plus facilité sa vision et pour trouver des roses bleues dans le noir complet après avoir confondu un homme avec un escabeau... je soupire. Peine perdue. Je pourrais lui montrer où j'ai cru en apercevoir. Après tout si on n'y jette pas un œil. Je crois qu'elles étaient plutôt roses pourtant... Peut-être ne m'en tiendra-t-il pas rigueur si je me trompe. Non, qu'est-ce que ce type venait faire par ici à cette heure, sa recherche de roses bleues ne rime à rien dans la pénombre. Toutes ces tasses me tourmentent, étant donné l'heure tardive je me dis que j'aurai bien besoin de café et qu'il n'y en a pas. Pffffou. je baille. allez je me décide à lui donner un coup de main. Après tout, la journée avait commencé depuis peu, non ? Au moins cela me mettrait il en forme pour la journée à venir. Tiens, est-il un enfant perdu au juste ?
Cet homme fait de moi une vraie machine à question, Couleur, hein ? Voyons si tu vaux le coup qu'on apprenne à te connaitre. je baille une autre fois, je suis cre-vé ! Je m'étire, ça ne devrait pas le dérangé étant donné son impolitesse.
Ce n'est pas tout ça mais si nous allions chercher ces roses bleu. Je pointe une direction, on dirait que je montre cela au hasard, pas du tout. je connais ce monde comme ma poche. Ma main à couper qu'un gros rocher nous bloquerait bientôt le passage. Je prends la parole encore, des roses bleues, non je crois qu'elles étaient bleu, oh fait chier, j'ai un doute maintenant !

- je crois avoir déjà vu des roses bleues par là ba, au pied du gros rocher ? Mais pourquoi veux-tu des roses bleues ? Et pourquoi diable avait tu besoin d'un escabeau !

Je me trouve bien hostile, l'incompréhension m'irrite, c'est vrai quoi ! Quel personne insensée irait chercher des roses "bleues !" Je ne cherche même pas à savoir de peur d'avoir mal à la tête en essayant de savoir. J'abandonne, surement a-t-il ces raisons de toute façon, comme une machine je commence à avancer, certain de ma direction. Je comprends rien, faut le dire je me sentis un peu déconcerté. L'esprit de ce gars devait être un peu tordu. Les gens dorment à cette heure ci ! D'ailleurs pourquoi n'avait il pas sommeil celui là. je pourrais lui demander mais ça ne ferait qu'ajouter à la centaine de questions que j'avais envie de lui poser, deux de moins déjà en deux phrases, je crois qu'il a besoin de temps pour répondre déjà. Bon où il est ce foutu rocher !

« Vois-tu, usurpateur, j’avais besoin d’un escabeau pour atteindre les étoiles. Du haut de leur cocon de pénombre, je suis certain qu’elles savaient où trouver mes roses bleues ! Mais comme tu sembles savoir où mes précieuses fleurs se cachent, je n’en ai plus besoin. Et toi, drôle de jeune homme, comment osais-tu dormir devant mademoiselle Nuit ? C’est très impoli, tu sais ! »

Sur quel être étrange suis-je encore tombé. Non, pas étrange, le mot est incorrecte devant tant de bizarreries. Je ne comprends pas cet homme mais il me fait rire, d'ailleurs je ris de ces absurdités. Un escabeau pour toucher les étoiles. Je ris d'un rire franc que je ne contrôle pas, quel drôle de personne. Je ris. Je me surprends à rire. Ce gars n'a donc conscience de rien en ce monde. Sait il au moins que les roses sont rouges, les étoiles brûlent, les escabeaux n'atteindront jamais le ciel tant bien même ils seraient cent empilés les uns sur les autres. je sais. Cet homme n'est pas étrange, juste heureux. Tellement heureux ! Beaucoup trop pour son bien ! Enfin, on ne reproche pas à quelqu'un d'être heureux, ça y est je sens mas mauvaise humeur s'envoler. son insouciance m'amuse, on ne reste pas insensible à une personnalité aussi heureuse. C'est incroyable d'être aussi heureux, je l'entend qui rit, qui danse. Je me demande bien à quoi il pense il semble toujours occupé, ailleurs, comme en pleine conversation. Je sens qu'il n'en finira pas de m'étonner, ainsi je me refuse à lui poser d'avantage de questions, il finira par en avoir assez.
Voilà qui est moins drôle. Lui, impoli. Dormir la nuit ? c'est mal ? Cette migraine qui revient, l'idée avec ce gars s'était surement de ne pas réfléchir et surtout de ne pas réfléchir à ce qu'il dit. Ne pas réfléchir, est-ce possible ? J'en doute. Hum... les doutes m'accablent ces derniers temps. Oh, quelle personne fatigante ! Peut-être, en arrêtant de réfléchir peut-être, pouvait il devenir de bons amis alors, ne pas trop réfléchir, ne pas trop y penser, donner l'illusion d'être heureux. Cela peut servir en certaines circonstance. il sourit et se prenant au jeu choisis de répondre.

- Pourquoi ne pas dormir la nuit ? Dormir le jour peut aussi bien offensé monsieur le jour, non ? Mais avant tout j'aurais une question à te poser. Dans quel monde vis tu Couleur ?

Certes cet homme ne devait pas vivre dans le même monde que les gens normaux, surement avait il un monde à lui et ça, ça intéressait Lun au plus au point. sa véritable question en fait lui semblait plutôt être "Raconte moi ton monde." Seulement quelle question bizarre cela pourrait sembler. Un sous entendu implicite n'est il pas mieux venu. Peut on vivre heureux dans un monde autre que celui là ? Surement. Lui pensait pouvoir devenir heureux dans ce monde mais il lui manquait une chose qu'il ne trouverait pas ici. Oh tiens, est-il un enfant perdu lui aussi ? Ou un être étrange comme le lapin blanc de la forêt dis donc, si les doutes l'assaillissent, ce n'est pas pire que toutes ces questions. C'est embêtant, complètement même. Tant de questions à poser à un inconnu. Quelle idiotie.
Le monde autour de moi n'a pas l'air de tourner très rond, suis-je dans un rêve. Non, je me pince. Tout va bien, je ressens la douleur. Peut-être que cet homme bizarre n'est pas réel lui. Je m'arrête. je le touche. les rôles s'inversent, lui doit me prendre pour un fou désormais. Le voilà. Le rocher aux roses bleues, A quoi lui servent les roses bleues au juste. Si je m'étais tromper ? j'ai beau y réfléchir, une rose bleue. Ce n'est pas logique, pas normal. J'ai l'impressino de m'être perdu quelque part entre la réalité et l'illusion, ce que je fais, ce que je ressens, tout ça n'a aucun sens. Je suis en train de donner un coup de main à un homme qui se prénomme Couleur !
Je perds la tête.

-Est-ce que je perds la raison ? Le voilà, le rocher. Les fleurs ne doivent pas être loin. A quoi servent-elles au juste ?

Moi même j'ai du mal à emmagasiner toutes mes questions, c'est un comble. Cette histoire me donne envie de retourner de me coucher. Demain matin peut-être croirai-je avoir fait un rêve. Quel personnage perturbant ! J'ai sommeil tout à coup. Mais pourquoi n'a-t-il pas sommeil. Tiens, j'hallucine... une rose bleue !

L’usurpateur pose bien trop de questions ! C’est qu’il se complique la vie pour rien, voyons. Et s’il pensait au bonheur ? On n’a jamais mal quand on pense au bonheur ! Et hélas, on n’oublie trop souvent d’être heureux… Il faut sourire ! C’est cela, faux-escabeau, continue de rire ! Tu en ressortiras plus beau et plus joyeux ! Car aucune chose au monde n’égale la beauté d’un sourire et la joie du bonheur. Non, Conscience, je ne suis point simplet ! Un homme heureux n’est pas un homme dénué d’intelligence ; je pense moins, et vit mieux. Voilà tout !

« Dormir…il faut dormir, pour vivre ? Dormir n’est pas nécessaire. Et monsieur Jour est un homme ! Un homme n’offense jamais un autre homme. Vois-tu, usurpateur, une demoiselle doit être comblée ; il faut la couvrir de baisers, l’adorer, et faire ce qui lui plaît. Mais sache qu’aucune d’entre elles n’aime voir ses prétendants s’endormir face à elles ! Mademoiselle Nuit veut des amants. Et non pas simplement son compagnon blafard dont tu as emprunté le nom ! »

Il me demande dans quel monde je vis. J’en ai aucune idée, nous venons à peine de nous rencontrer lui et moi ! Dis-tu, Conscience ? Dans mon esprit ? Oh, mais dans mon esprit, ce n’est pas un Monde qui vit ! Il s’agit plutôt d’un univers…certes, je ne me souviens pas de mon Monde d’origine ; mais j’ai la certitude qu’il est fantasque, coloré, sans limite, où l’envie règne en maître ! Dans mon esprit, je suis le roi des voleurs qui dérobe le Monde des autres pour suffire à mon amour dont j’ai oublié le nom et le visage. Je dois vite récupérer une rose bleue ! Ou bien le souvenir de mon amour disparaîtra à jamais… Je sais bien, moi-même. Je suis incapable de vivre sans amour. Ce serait avouer être mort… Et pourtant la vie est tout l’inverse de la mort ! Quand on reste trop tranquille, on n’est pas vivant. Je ne veux pas entendre mon cœur me dire qu’il a gâché sa vie.

« Vois-tu, usurpateur, mon Monde est un Univers. Il est trop grand pour être expliqué…mais pour toi, je veux bien faire un effort. Ferme les yeux ! Imagine de la couleur. Une multitude de couleurs. Des couleurs partout ! Imagine un arc-en-ciel qui vole, imagine des chats qui sourient, imagine des femmes dont la beauté est improbable. Imagine un Monde où l’Envie est maîtresse et où les sentiments guident le Destin de chaque Homme ! Imagine un Monde fabuleux où l’Amour est indispensable pour vivre. Dans ce Monde, cet Univers de fantaisies, je suis Couleur ! Le plus grand voleur de tous les temps. Je vole…je vole pour quelqu’un. Un amour. Et pour cet amour, je suis prêt à vendre mon bonheur…oui, pour lui, je suis prêt à mourir malheureux. »

C’est si étrange de tant parler ! Je saute agilement, tombe en une pirouette mal assurée, rebondit comme un chat de gouttière, et continue ma balade à ses côtés. Je réajuste mon veston sur mes épaules, sourit pour n’en plus finir. Et cet homme…est-il capable d’aimer ? Oh, ce que je lui souhaite d’aimer la plus jolie fille qu’il existe ! Je ressens que la mienne n’est même la plus belle du Monde…oh non, elle est la plus belle de tout l’Univers !

Le rocher est devant nous. Je m’incline avec humilité pour lui témoigner toute ma gratitude envers tous les bons soins qu’il a apporté à mes précieuses roses. Je m’assois dos à lui, et ferme les yeux. Je dois me préparer avant de n’avoir le droit de cueillir une fleur si précieuse à mon cœur… Mademoiselle Nuit est toujours aussi noire ! Mais je saurai savoir si mes roses sont bleues. Je le saurai ! Dix, onze, douze, elles seront toutes…bleues ! ♫ Hi hi, je suis si impatient ! Mais je les sens…je le sais, elles sont ici. Alors, pour remercier ce preux usurpateur, je vais répondre une nouvelle fois à ses questions. Mais il serait tant qu’il pense autrement !

« Monsieur…pense au bonheur. Tu réfléchis bien trop ! Je veux ces roses bleues car je le veux. Je les veux car je sais que je les aime, voilà tout. Pourquoi je les aime ? Car je sens, là, au fond de mon cœur, qu’elles sont le symbole de mon amour. N’as-tu donc jamais été amoureux ? Trouve la plus jolie femme qui existe, et épouse-la ! Ta vie sera accomplie. Quel est mon but ? Non, je ne souhaite pas retrouver mes souvenirs. Je ne suis pas un enfant perdu. Je suis Couleur. Mon seul objectif est de me souvenir du visage de mon amour…car sans lui, oui, je suis perdu. Mon passé m’importe peu. Je retrouverai mon amour, quoiqu’il m’en coûte. Et puis, pour le reste, le ciel nourrira mes rêves, et la terre bercera mon corps. Je me nourris de bonheur, voilà tout ! »

Il est temps de rencontrer mon amour. Je ferme une nouvelle fois les yeux. Je bascule sur le dos. Je peux le faire…Couleur peut le faire…j’ouvre les yeux tout, tout doucement. Une forme se distingue. A l’envers. Mes roses…mes délicieuses roses bleues ! Elles sont bleues, je ne rêve pas ? Mais…Conscience…vois-tu la même chose que moi... ? Ce ne sont que de vulgaires roses blanches que la nuit a teinté de bleu ! Ouh, ce vilain homme m’a trompé !

Suis-je capable de voir un monde aussi beau ? Je ferme les yeux. Devant moins, un paysage, je le peints. Une colline de rouge, un ciel de pourpre, une fleur de jaune, un arbre de vert, un oiseau de bleu, un crocodile de rose. Tout n'est que couleur. le noir et le blanc sont là aussi. Mais en tant que couleurs. En tant que décor de couleur dans un monde qui ne s'invente que dans mon esprit. En me concentrant je peux presque ressentir le vents dans mes cheveux. Quelle délicieuse sensation. Un monde comme ça n'est pas pour moi je le sens bien au fond... Je décide de lui laisser. Mais de squatter. Comme un parasite j'emménage dans ce monde qu'il me raconte avec quelques mots sans doutes trop simple pour bien exprimer ce paysage. Je suis un usurpateur de monde et je crois en être l'inventeur, être l'homme heureux qui gambade comme un enfant joyeux derrière un papillon, derrière moi. Quelle personne surprenante, je m'étonne de le penser tant et me fatigue pour la même raison. je ne suis pas à la hauteur d'un homme heureux. dans mon pays à moi, je suis seul et entouré d'un vide que je connais trop bien. Le vide de la vie, le vide de MA vie ! j'ai la désagréable impression que ma mémoire à emmener tout le monde de ma tête. Mon monde à moi doit être reconstruit avec patience et persévérance car il n'en reste même pas ne serait-ce que des ruines. Construire sur du nouveau sans l'idée d'un ancien monument. Impossible.

Il me fait rire. Mais ne cesse de me surprendre dans des idées que je n'envisageai pas moi-même. Est-ce que j'offense souvent la nuit ? Cette pensée qui quelques heures avant ne m'effleurait pas du tout l'esprit me perturbait à présent. Son univers m'atteint et je suis pourtant contraint de le quitter, je suis chassé de cet endroit qui n'est pas pour moi? J'ouvre les yeux. Ce rocher est gigantesque. Ne plus dormir est impossible de toute façon, je ne dois pas rêver. Ne pas me laisser aller à ces idées sans fondements, sans sens réel. Enfin, peut-être en ont elles un en fait. Dorénavant je décide de faire un effort pour être heureux, après tout à tout mal on trouve du bien, je crois... Pas tout le temps peut-être...

Penser au bonheur. Mais suis-je capable d'aimer ? Ai-je déjà été amoureux. Ces cas de conscience m'énervent. J'aimerai les jeter à la poubelle, les emmener jusqu'à la décharge, les enterrer sous des mètres de terre et ne plus y penser. A la place je suis coincé à essayer de me rappeler avoir déjà aimé, d'un vrai amour, ni physique, ni sexuel, juste l'amour. Cela dépend, à quoi ça ressemble ? Oui, l'amour est un inconnu, on peut passer à côté sans le voir ou en avoir une vague idée mais le rencontrer n'est probablement pas si simple que ça? A mon avis, l'amour est un homme malin et vicieux qui a pris plaisir à m'éviter et à m'envoyer son pote le malheur pour noircir mes jours dans ce monde qui n'est pas le mien ! Voilà que comme se drôle de bon homme je me mets à parler de choses comme des personnes. Les métaphores en sont plus simples certes, mais je deviens comme lui sans l'être. Quelle sensation bizarre. Comme d'avoir toujours fait ainsi, d'avoir l'habitude. Non, je n'ai jamais aimé, j'en suis incapable.
Incapable de ne pas offenser dame nuit, incapable d'un monde où l'envie règne et où on trouve le bonheur, incapable d'aimer comme il se doit. Suis-je un incapable ? Je pleure. Ces putains de fleurs sont pas bleues ! Marre ! Il s'est allongé et doit penser que je suis un nul qui l'a pris pour un imbécile. Je m'allonge mon tour et contemple les étoiles. La nuit est une charmante demoiselle, c'est bien vrai. Je m'en veux de tant l'ignorer et de ne pas savoir en profiter, elle est bien capricieuse de jouer avec mon sommeil. L'ombre d'une larme perle sur le coin de mon œil. Je m'excuse.

- Je suis désolé, je croyais en avoir déjà vu. Mon esprits me joue des tours ces derniers temps il y a deux minutes je croyais pouvoir aimer mais je crois bien que ça, c'est partit en même temps que ma mémoire. Et alors Couleur, toi qui est si heureux. C'est quoi d'aimer ?

Après, je me tais. Il m'a trop l'air d'un guide spirituel qui m'aide à avancer dans la vie? L'inverse se produit souvent et au lieu d'avancer j'ai l'impression de reculer. Pourtant, il m'est agréable, c'est une compagnie qui est appréciable. Je ne regrette pas trop de m'être levé en plein milieu de la nuit. Je garde ma résolution de devenir plus amoureux de la vie qu'à présent car il faut reconnaitre... que j'en aurais bien besoin.

Je n’ai pas trouvé mes précieuses roses bleues. Dis, Conscience, comment vais-je faire ? Je vais oublier mon amour…je vais oublier ce que je n’ai même pas été capable de me souvenir… Je ne veux pas l’oublier ! Je veux continuer à me battre pour retrouver les traits de son visage et la beauté de son sourire ! Je veux me souvenir de la couleur de ses yeux ! Que dis-tu ? Oh, mais oui, tu as raison…suis-je bête ! Je ne vais pas me laisser décourager pour si peu. Je suis Couleur, tout de même ! Je trouverai mes précieuses roses bleues autre part, voilà tout. Mon amour est bien trop fort pour s’écraser face à la première défaite. Et, en y réfléchissant bien, c’est une demi-victoire en soi. J’ai trouvé des roses ! Si j’avais de la peinture sous la main, je les repeindrai, voilà tout. Quoique je suis incapable de me souvenir de la teinte de mes roses… Etaient-elles bleu marine ? Ou bleu pastel ? Peu importe ! Tant que je garderai espoir, j’attendrai mon but. Croire, c’est pouvoir. J’en suis certain !

L’usurpateur s’allonge à mes côtés. Il semble très déçu. Voyons ! Je lui parle de bonheur, et le voilà qui pleure. Il n’écoute donc jamais ce qu’on lui dit ? Je lui pincerai bien les joues pour le forcer à rire. Mais la tristesse ne part pas aussi facilement qu’une larme. Du nerf, monsieur ! C’est nous qui choisissons d’être heureux, nous et nous seuls.

Il s’excuse. S’excuser, c’est comme atteindre une étoile. C’est dur et, finalement, impossible. Ce n’est pas en clamant je suis désolé, que l’on peut être pardonné. S’excuser ne sert à rien. Seuls les gestes peuvent influer sur le Monde ! S’il souriait, il serait déjà pardonné. Mais comme il a conscience qu’il est déjà pardonné, il ne se donne pas la peine de sourire. Vilain usurpateur ! Tu t’attaches à la tristesse avec tant d’ardeur, que je me demande s’il est possible que tu arrives un jour à respecter Mademoiselle Nuit. Heureusement que je suis Couleur ! Sans moi, il aurait fini sa vie malheureux et endormi.

« Sèche tes larmes, mon ami ! Pour aimer, il n’y a de démarche à suivre. Pas de guide ni d’étoile pour t’enseigner les gestes et les paroles à exécuter afin de t’assurer les faveurs de ta bien-aimée. Ecoute ton cœur. Bien sûr, au début, il semblerait qu’il ne fasse que bo-boum…bo-boum…inlassablement. Comme une horloge fripée qui tenterait te de parler lors de la pause thé. Alors écoute le plus attentivement. Sois attentif à la mélodie qu’il compose au creux de ta poitrine. Il n’y a que toi pour décrypter ses notes ! Personne d’autre que toi ne sait déchiffrer ce que tente de te dire ton cœur. Du moins, tant que tu n’auras pas trouvé ton âme sœur ; il n’y aura qu’elle qui saura analyser ton cœur, et tu sauras aussi bien lire dans le sien. Ecoute ton cœur… »

Je lui laisse le tente de l’écouter. On n’est jamais assez attentif à la mélodie de son cœur ! J’ai beau te parler, Conscience, il n’y a que grâce à lui que je sais que j’ai oublié un amour dont je me souviendrai toute ma vie. J’aurai beau oublier tout de lui ! Monsieur mon Cœur saura rejouer les mélodies de sa voix et de son souffle. Mais dés lors que j’aurai retrouvé mes roses bleues, je me souviendrai de lui. Et quoiqu’il m’en coûte, je me battrais pour le retrouver. Car oui, seul Couleur peut vaincre l’oubli au nom de l’amour !

« Aimer, mon cher, c’est donner sa vie à celle qu’on aime. C’est avoir confiance en l’avenir, et se satisfaire de la vie qu’on mène, aussi modeste soit-elle. Aimer…c’est vivre. Sans amour, je doute que quiconque puisse vivre. Inconsciemment, tu aimes le monde qui t’entoure. Regarde Mademoiselle Nuit ! Elle aime les étoiles et son bel amant blafard ! Regarde ses roses ternes ! Elles aiment la Terre qui les a portées ! Regarde-moi, mon ami… »

Je pose mon regard sur lui. Mes yeux me piquent. Je ne suis pas triste ! Mais mes yeux se mouillent de larmes. Monsieur mon Cœur semble nostalgique… Et je le suis tout autant.

« Je suis prêt à parcourir le monde pour un amour dont je ne sais rien. »

Je dois lui sembler fou. Fou d’amour. Amoureux de folie. Monsieur mon Cœur me fait atrocement mal. Que m’arrive-t-il ? J’oublis d’être heureux. J’oublis mon amour. Mais monsieur cœur me rappelle combien il coûte d’aimer.

« Or, il semblerait que mon amour n’était pas partagé. »

Bo-boum…bo-boum… Dis-tu, mon Cœur ? En effet…l’amour peut-être aussi laid que beau.

En y réfléchissant, aimer, ça ne représentait pas une once de savoir pour lui. Ces mots ne signifiaient rien pour lui, tout ce que lui décrivait cet homme, ce Couleur, tout ça, ça n'avait aucun sens pour lui. Pour l'instant en tout cas car l'idée maintenant était de trouver cette sensation. Courir derrière une émotion c'est possible ? Surement, de toute façon il n'allait pas déjà commencer à se décourager. Cet homme avait au moins raison sur un point, sécher ces larmes, pas de démarche et écouter son cœur. Que me dis mon cœur ? Le cœur est une mécanique compliqué qui s'emballe s'effraie, se fatigue, ralentit, accélère, pète un capable, bat, s'étire, s'adapte, se donne, s'offre, se prête, s'achète, se vend, se prend, s'arrache, se brise et tout un tas d'autres choses plus ou moins utiles qui arrive selon l'humeur et la situation. Pour l'instant, le sien battait, c'est pas si mal. Comment l'emballer, l'accélérer, l'augmenter ? Lui faire ressentir l'amour, le vrai, le seul et l'unique ! Dis comme ça ça n'a pas l'air très facile. C'est vrai si c'était si simple, ce serait déjà arrivé. Alors que là, nada, que dalle, rien, zéro, perdu, aucune donnée. S'asseyant en tailleurs il sécha les larmes au coin de ces yeux pensant que le moment était venu de grandir un peu, de prendre CETTE vie plus au sérieux ! Ce n'est pas parce qu'il en a perdu une qu'il doit courir après et laisser passer celle là. Elisabeth... que restait il pour elle dans ces cas là, de l'amour, de l'attirance, de la tendresse, de l'amitié ? Autre chose. Cette relation lui semblait encore floue, un peu perdue, égarée quelque part entre le ciel et la terre. Quelle relation intéressante, un jour il prendrait le temps d'écouter son cœur en sa présence, d'écouter cette belle femme, peut-être que ça mènerait quelque part. On ne sait jamais. Bon, ces roses bleues se trouvaient hors de portée, les trouver s'avèreraient plus dur que prévu mais ce gars devait s'y être préparé surement, comment se racheter maintenant ? Bonne question. Aucune idée.

Bof, on se rachète le moment venu après tout. Un jour comme ça il pourra lui rendre la pareille et effacer ces fautes, plus tard. pas ce soir surement. Enfin, suivre son destin se fut la chose la plus simple qu'il avait faite depuis longtemps. Rien dans la tête tout dans les gestes. Marcher, parler, on verra bien où ça mène ça. Dadadadim... dadadadim... une drôle de contine trottait dans sa tête à présent comme un doux rêve qui se baladait dans les plaines sacrées de son esprit. C'est si bon d'évacuer le stress par la voie si simple du laissé aller. Il bailla en mettant sa main devant sa bouche et de nouveau des larmes perlèrent au coin de ces yeux, mais pas les même, le gout avait changé. sa pêche revenue il lui apparut que tout était possible du moment qu'on fait l'effort d'y croire un peu. Rien est perdu, tout est à trouver quand on y réfléchit, son amour avait beau s'égarer en partant à la chasse il arriverait surement à mettre la main dessus. T'es tu caché sous un nénuphar, ou derrière un arbre, surement sous la jupe d'une splendide jeune femme, hein ? Petit coquin. Oh, voilà qu'il se remettait à parler comme ce personnage bizarre. il s'étira dans un bruit de bienfaisance et regarda le ciel plus intensément comme pour photographier un visage, celui de mademoiselle la nuit. Jolie jeune femme à la robe sombre pailleté, que dirais-tu si je devenais ton prochaine amant ? Oh, oh, oh... là ça déraillait un peu, à défaut de penser comme ce gars il commençait à penser des trucs encore plus fou ou tout autant. Aller, ça suffit, faut savoir appuyer sur la pédale de temps en temps et ralentir un peu pour redevenir soi même. Deux baffes simultanées sur chaque joues et voilà le brouillard se dissipe pour laisser un voile de bonheur et de clarté devant ces yeux qui s'ouvrent à un univers nouveau. Son univers, le plus beau, le meilleur, le sien ! Dieu que ça fait du bien de se sentir vivant. C'est là que sans trop savoir pourquoi il se mit à crier comme un loup qui tenterait de charmer la lune du haut de son rocher. Content d'être en vie, de s'en rendre compte, d'en profiter il cria à s'en percer les poumon, à en manquer d'air, à s'en casser la voix. Puis avec un sourire il déclara solennellement.

- Merci Couleur. Tu m'as rendu quelque chose que j'avais perdu avec le reste. Quelque chose qui me permettra de mettre la main sur les choses importantes de la vie, sur l'essentiel. Le goût de la vie. A force de vivre je crois que j'en ai oublié la chance que j'avais et le bonheur que ça me donnait. Dorénavant je fais le serment de ne pas oublier la valeur d'une vie, et de toujours profiter du moment présent. Bon, sinon j'ai faim, pas toi ?

Les appétits nocturnes sont en général plutôt rare mais quand ça prends, ça ne lâche plus, ça emprisonne avec ferveur et ça reste à en filer des crampe d'estomac. Un gargouillis viens attester de son appétit et il s'avérait aussi que la soif le tenaillait de ces petites pattes griffues qui lui chatouillait la gorge. Tout devint prétexte à rire. Comme c'est étrange de tout le temps vouloir rire. En tout cas ce crie l'avait libérer de ces hantises passées. Des fantômes qui n'avaient que trop durer. Finit de courir après son passé, break ! Désormais son objectif serait, l'amour ! Toujours l'amour ! En voilà une quête beaucoup plus amusante et pour le moins enrichissante si l'on en croit les dires de messire couleur allongé dans l'herbe. Quelle belle rencontre finalement. Un escabeau ça lui allait tout compte fait. Après tout, c'est utile un escabeau. Cela dit pour atteindre les étoiles une échelle serait peut-être plus pratique, ça va un peu plus haut en général. Pourquoi penser à ça !? Ça n'a aucune sens. Bof, après tout, plus rien n'a vraiment de sens, c'est amusant de penser à toucher les étoiles, si un jour ça doit arriver, ce sera surement Couleur qui aura réussit cet exploit. Ouaip, aucun doutes là dessus. Bon, en même temps si il réussit faudra lui dire comment parce que alors là, le seconde à avoir toucher une étoile, ce serait lui, aucun doutes non plus. Alors, où trouve-t-on de la nourriture aussi tôt le matin et dans un endroit pareil ? En fait rien ne se prêtait au sujet présent, trouver de la nourriture en pleine nuit était déjà pas très facile mais alors en pleine air non loin d'une table pleine de tasses et un gros rocher. Autant attendre d'être rentré. Hum... la fatigue est un ennemi farouche aussi. Que devrait il faire, tiens, en voilà une jolie question qui prend forme dans son esprit. Il se tourne vers couleur.

- Dis moi, amoureux de la nuit, quand dors-tu ?

All you need is love…l’amour est tout ce dont tu as besoin…♫ Mais oui, Monsieur mon Cœur ! Je suis bien d’accord avec cela. Continue de battre cette mélodie ! Mes larmes se tarissent déjà. Conscience, te souviens-tu d’un homme qui chantait pour faire éclater de rire ses lendemains ? Ah, mais je suis certain de connaître un tel homme ! Peut-être était-ce les mots d’un ami…d’un prophète ? Non, plutôt de celui d’un piano, ou d’une guitare sèche. Peu importance l’accord ! J’ai douté de l’amour. Quel Couleur je fais ! Mais je me pardonne. Car je dois pleurer pour éclater de nouveau de rire ! Mon amour est plus fort que tout. Il est même plus fort que moi ! Il est normal que je perde la tête-ti-te-tête de temps en temps…non ? J’ai une folle envie de danser. De chanter à cœur ouvert une chanson d’amitié et de rose bleue retrouvée. Que dis-tu moi-même ? Bien sûr que je trouverai mes précieuses roses. Il n’est plus question d’en douter !

Treize, quatorze, quinze, elles bougent et…coincent ? Mademoiselle Nuit est une dame charmante, cela va s’en dire ! Mais elle dépose sur mes paupières tant de baisers que mes yeux se ferment tous seuls…je ne peux accepter tant d’amour ! Mon cœur pourrait bien couler aux fonds d’une mer bleue étoilée, et je ne le retrouverai plus dans un tel bazar d’émotions ! J’aimerai être un oiseau. Comme ça, je pourrais parler aux étoiles et leur demander si elles n’auraient pas aperçu la plus belle des personnes, avec des yeux bleues comme le bleu des roses bleues, et qui auraient un goût d’amour. Je suis certain qu’elles le savent ! Mais l’usurpateur-escabeau, mon cher ami, est bien trop petit. Je me demande de quel couleur est mon cœur…aussi bleu qu’une rose, à coup sûr !

L’usurpateur crie. Très fort. Aussi fort d’un chat de deux mètres. Un tigre, dis-tu ? Peut-être as-tu raison, moi-même. Ce qui est certain, c’est qu’il crie. Et que je suis content qu’il crie. Cela veut dire qu’il est vivant. Etre vivant, c’est bouger, rire, aimer, et puis crier. Donc mon ami est vivant. Et il semble bien prêt à aimer la vie. Cette nouvelle me réchauffe le cœur ! J’ai donné le goût d’aimer à un usurpateur qui pleurait. Je suis un magicien du bonheur ! Couleur rend heureux les gens !

« JE SUIS FANTASTIQUE ! »

Il a faim. J’ai faim d’amour. Et si on mangeait ces roses ternes et menteuses ? Elles nous rassasieraient le cœur et l’estomac. Deux actions en une seule une pour savoir quel goût peuvent avoir ces drôles de fleurs. Peut-être ont-elles le goût de l’amour ? Ce serait formidable ! L’amour a-t-il un goût ? C’est certain ! Tout comme la tristesse, après tout ; pour elle, il s’agit du goût des larmes. L’amour aurait-il un goût de rose ? Oh oui, ce serait génial ! Ou peut-être un goût de Mademoiselle Nuit…ou de thé séché. En parlant de thé, j’ai toujours cette vilaine tasse à la main. Elle ne parle pas beaucoup ! Est-elle timide ? Elle sent bon, en tout cas ! Enchantée, mademoiselle. Un bout de chemin ensemble vous conviendrait-il ? Oui, j’en étais sûr. Une aussi belle dame ne peut qu’accepter la compagnie de Couleur !

Je me lève. Oups ! J’ai la tête à l’envers ! Pourtant…c’est drôlement amusant de marcher sur les mains ! Monsieur Chapeau est tombé. Quel fripon ! Je retombe sur mes pattes et le repose confortablement sur ma tête. Quelle idée de tomber ! On ne quitte pas Couleur aussi facilement, voyons !

Je siffle pour apprivoiser Mademoiselle Nuit. Avec un peu de chance, elle arrêtera d’embrasser mes yeux ! Non pas que je sois fatigué de ses attentions, mais il semblerait que mon cœur s’engourdisse à ses assauts de tendresse. Un peu de retenu, mademoiselle ! Je me retourne vers l’usurpateur. Il est plutôt beau, comme escabeau.

« Et si nous mangions les roses ? Elles doivent avoir le goût de l’Amour ! Pour ma part, je dors lorsque mon corps le décide. Il est assez égoïste, et m’impose toujours ses choix ! Alors, de temps à autre, je me plie à ses caprices. Je n’aime pas lorsqu’on se dispute. Je danse pour lui faire plaisir, vois-tu ? En y pensant…si nous dansions ? J’aimerai bien boire un thé, mais je n’aime pas ça. Décidément, cette belle Mademoiselle Nuit me rend fou ! Alors, mon ami, que dirais-tu de marcher un peu ? Il nous sera plus facile de trouver mes roses bleues ! Et si tu te montres gentil et que tu gardes ce joli minois, je t’en offrirai une. Marché conclu ? Tu mérites d’être heureux, faux-escabeau ! »

Je baisse la tête. Il est moins charmant à l’envers. Il semble être mécontent. Je souris pour le voir sourire. Voir les gens heureux me rend heureux. Peut-être que je mange le bonheur que me procure le bonheur des gens heureux ? Hm…et que je dors en parlant de la beauté de l’amour ? Ah, Conscience ! Ce qu’il est merveilleux de s’appeler Couleur !

Manger des roses...? C'est une idée, je me demandai souvent quand j'étais gosse quel goût ça avait. Enfin ça reste une plante ça ne doit pas être extraordinaire. Le sol en est jonché, se laisser tenter ne doit pas être un crime. J'arrache une tige délicatement et la soulève du sol. Jolie rose. Je souhaite qu'elle soit aussi délicieuse que jolie. Tant d'épines pour une rose n'est-ce pas exagéré ? Je la regarde comme si elle m'observait elle aussi. Genre elle va peut-être me répondre, qu'est-ce que j'espère ? Je perds la tête. Qui sait si elle est d'accord. J'arrache un pétale. Je veux y goûter. Partage ton corps avec moi et je te décore petite rose. Avec un peu d'appréhension j'approche ma langue de ce repas blanc. Croc ! Je le mâche pour ne pas en oublier le goût. Ma tête n'a pas du avoir l'air heureuse. Ce n'est pas bon. si dieu à créé les roses ce ne devait pas être pour les manger je crois. Sinon elles auraient un meilleur goût. Je repose la fleur meurtrie. La remercier me semble toujours aussi idiot donc je ne dis rien. Cela dit au moins j'aurais goûté.

- Je n'aime pas manger des roses. Elles ont le goût de leur odeur.

Oui, drôlement bien formulé tiens. Elles ont tout à fait ce goût. dans ces cas là, je préfère les sentir au moins cela me ravit au lieu de me dégouter. danser pour faire plaisir à son corps signifie que le corps aime la danse. Le mien ne doit pas aimer, il opte plus pour écraser les pieds des gens. Pauvres gens. Pauvres pieds. Pauvre moi. La danse est le corps qui s'exprime. Si gracieuse si charmante, la danse me donne l'effet d'une représentation du bonheur et je pense que ça doit être plutôt amusant de danser mais mes pieds n'ont pas l'air de cet avis. je ne sais pas danser. On ne m'a pas appris, je n'aurai pas écouté. La danse ne doit pas être faite pour moi. Du coup je ne comprends pas comment son corps peut être ravi de danser mais surement qu'il doit aimer ça.

- Je ne sais pas danser et je n'aime pas le thé.

Oui le thé à un gout de jus comme une feuille que l'on aurait essoré à l'image d'une chaussette sale et trempée. Pas bon. Marcher voilà une idée intéressante. Marcher ce n'est pas compliqué, ça sert à avancer et puis ça occupe. Par hasard peut-être on trouvera une rose bleue qui l'aideront je ne sais pas trop comment mais qui devrait l'aider. Je suis bien décidé à lui donner un coup de main, on ne sera pas trop de deux à chercher des roses bleues. Si on en trouve j'en garderai une et lui ferait un grand sourire, après tout comment ne pas sourire à une rose bleue c'est si peu commun. La colline aux arbres morts est aussi un endroit superbe et couvert de fleurs si on doit trouver ces roses, elles doivent être ici j'imagine. Des roses rouges et blanches existent. Des roses roses aussi mais orange, jaune ou vert ? Ça existe ? Peu importe. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. J'espère juste que les roses bleues existent sinon il ne pourra pas en faire ce qu'il veut en faire. C'est vague. Je mérite d'être heureux, cette phrase me fait chaud au cœur mon cher Couleur.

- Marché conclu. Allez, marchons, on devrait bien trouver une rose bleue sur le chemin.

En ai-je déjà vu une rose bleue. J'ai un doute. Cet endroit est plein de choses mystérieuses cela dit s'il existe des roses de cette couleur ce doit être ici. Nul part ailleurs. Je n'ai aucun souvenir de mon ancien monde je ne sais pas si j'ai le droit de dire cela. Ce devait être un beau monde avec des roses bleues partout oui car c'est bien plus joli comme ça. Comment ferai-je pour trouver l'amour, le reconnaitrai-je ? J'aime tellement de gens ici quand j'y pense. Certains pour peu de choses, d'autres pour plus de choses. enfin je les aime voilà tout ! Je pense beaucoup à des gens ces derniers temps. Pourquoi mes pensées s'égarent de cette façon ? Je ne sais pas trop où chercher ces fleurs convoitées, je suppose comme elles sont convoitées elles doivent être dur à trouver. Probablement. Si seulement il existait un fleuriste pour nous indiquer un endroit. Oh tiens, je pourrais demander de l'aide au lapin blanc. Ou bien au chapelier. Je ne sais pas. Peut-être Couleur est il au courant de quelque chose.

- Dis moi Couleur, ne connais-tu personne qui sait où trouver ces roses bleues ?

« Je n’en ai aucune idée. C’est comme me demander pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ! C’est évident, mais je ne peux pas te répondre. N’as-tu donc pas perdu la mémoire, toi aussi ? Bien sûr, que je connais quelqu’un qui sait où trouver mes jolies roses bleues ! Il s’agit de la personne que j’aime. Mais comme je ne me souviens pas d’elle, je ne peux pas lui demander. Et toi, monsieur l’Usurpateur, connaîtrais-tu quelqu’un qui saurait où les trouver ? Sais-tu comment atteindre les étoiles ? Sais-tu comment on tombe amoureux sans tomber d’amour ? Et bien, je vais te le dire. »

« Heureux ! Sois heureux ! Et tout ira mieux~♫ »

« Faux-usurpateur-escabeau, que dirais-tu de croquer à la Lune ? Je me rappelle m’être souvenu un jour de deux personnes qui y avaient croqué à pleines dents. Mais elles avaient dérapé ! Alors elles s’étaient embrassées. Après tout, le Monde est bien fait pour cela ! »

Mes pieds ont décollé du sol. Je me sens comme un bébé que l'on promènerait partout. de ceux qui ne peuvent pas encore marcher dans la vie des grandes personnes. Ces petits être fragiles qui passent de main en main comme des poupées de chiffon, faible et désarticulé. Remarque, me dis-je, ainsi ont ils tout le temps d'apprendre ce qui les entoure, d'apprendre les choses du monde. Les sourires qui rendent heureux ou ceux qui n'en ont pas l'air, les pleurs qui sont joyeux, amers ou juste magnifiques. Mais quel homme étrange, me prendre sur son dos est une chose bien surprenante, ne suis-je pas trop lourd pour lui ? Je m'analyse, pourtant je n'ai pas l'air d'une gêne pour lui, chose qui me parus un instant curieuse.Soudain écroulé sous la flemme, mon corps refuse de descendre. La situation me laisse un peu abrutis. La nuit on ne voit rien et moi je vois tout. Comme dans une voiture les herbes défilent, un arbre, un papillon de nuit, une fleur rose.... A cette heure ci je m'aperçois que j'ai vraiment besoin de dormir. Je réalise la place de chacun, la sienne, la mienne. Au final, je suis peut-être une meilleur homme que lui, consciencieux et réaliste. Il vaut mieux vivre sa vie que la rêver. Je me trouve très prétentieux et à la fois si juste, pourtant quelle ironie depuis mon éveil en ces lieux j'ai la désagréable impression de vivre pour rien, comme dans un rêve.Devrais-je répondre à ces questions ? Pour faire la conversation, on s'ennuie pour le coup.

- Non, aucune idée. Personne ne m'a jamais encore parlé de roses qui seraient bleues.

Son dos s'avère un moyen de transport pratique car mes jambes sont gonflées de fatigue. Mon cher Couleur, dormir n'est pas une option. je tairais ces mots pour ne pas blesser ton corps malgré tout mademoiselle nuit usent ces amant d'une trop grande exigence. Réfléchis pour un jour comprendre un monde irréel est plaisant à s'y perdre mais ne permet aucunement de quitter la réalité. Je vais te dire deux vérités. Juste deux pour que tu y penses, tu ne me croiras et tu auras raison tout en ayant tort. Quel paradoxe insoutenable que celui là.

- Toucher les étoiles. Ce n'est qu'un rêve, tu sais ? Personne n'a réussi, ni ne réussit et personne non plus ne réussira jamais à toucher une étoile. Le plus étrange c'est qu'on leur souhaite. Bruler vif n'est pas une mort très agréable je suppose.

Marcher me fera du bien tout compte fait. Ils ne sont pas de mon avis en bas mais me dégourdir les jambes m'arrange. Surtout que je glissai de son dos et que puisque je change la vision des choses de ce gars je me sens un peu coupable aussi d'être porté par ce type sympa. Comment l'expliquer. Je l'aime bien ce gars mais sa vision est tellement insouciante qu'elle m'énerve, cette émotion m'échappe un peu sauf que son idée de l'amour me froisse un poil. Je dirai que notre amitié s'il doit y en avoir une se jouera sur sa réponse. Pas question qu'il change quoi que se soit de sa personne. Qu'il y réfléchisse seulement. Pour ne pas s'enfermer dans son monde. Que de temps à autre il s'ouvre un peu à la théorie d'une autre façon de voir les choses. Les gens optimistes sont si rares de nos jours, quelle connerie de répondre à cette question. Qu'on se le dise, je suis un gros con.

- Tomber amoureux sans tomber d'amour n'est pas possible. Je crois... Sinon comment tomberions-nous ? Ta question n'est pas la bonne. J'ai du mal à y répondre et pourtant je suis persuader que c'est impossible.J'ai une question pour toi. As-tu une impression, une idée, un vague sentiment qui te ferait penser à qui tu es amoureux ?

Parlons d'autres chose entre moi et moi.L'amour des autres m'intéresse à trouver le mien. J'avance avec le vent comme une feuille d'automne si bien que je n'ai aucune idée d'où je vais. Le souffle des autres m'aide à trouver un brun de chemin logique pour tomber sur l'épaule de la bonne personne.Me serais-je déjà posé sur une épaule pour en découvrir une autre ? Elisabeth aurait elle aperçut cette feuille. L'aurais-je effleuré dans mon parcourt insensé.

Je marche et j'oublie un instant les roses bleues car vu l'heure mes yeux pensent à se fermer et ma tête s'envole comme un ballon gonflé d'air. Mes jambes refusent pourtant d'avancer, je crois que mourir de fatigue ne m'arrivera pas. En parlant de tomber, tomber de fatigue m'attire plus que la plus belle femme du monde dans un moment pareil. Dieu m'est témoins qu'aucune femme ne m'est apparue On m'aurait sinon coupé la langue car je l'aurais choisis je crois ne serait-ce que dans une demi conscience. Mes genoux me lâche et l'herbe est trempé de la fraicheur de la nuit. La fatigue me fait tourner la tête mais en tête la rose bleue me tourmente et j'imagine si je ferme les yeux qu'elle viendra hanter mes nuits, mes rêves ou mes cauchemars. Je veux vraiment l'aider mais en ai-je la force. pendant que j'y réfléchis, je pense à une pause en parallèle comme je songe à deux choses en même temps. Je me retourne et tombe sur le dos tout content. est-ce une heure pour veiller et chercher des roses à la couleur douteuse. Quoi que si je ne dois douter de rien, surtout pas de la couleur des roses bleues. Le saviez-vous, le cheval blanc d'Henri IV est blanc. Quel idiot se l'imaginerait noir aussi ? Alors les roses bleues, sont bleues.Le vent glisse sur mon visage, j'ai des frissons et je les aime déjà, mes frissons, un sourire étrange se balade au creux de mes lèvres.

- Faisons une petite pose, le temps de tomber de la lune pour embrasser quelqu'un. Pourvu que la personne me plaise. Voilà tout ce que devrais désirer un homme. Je me sens amoureux vois-tu, mais j'ai du mal à décrire cette image. Te voilà donc charger d'une mission importante monsieur Couleur, trouve ton amour perdu pour découvrir ce sentiment. Aussi comprendras-tu qu'on ne le décrit pas, l'amour n'est pas le même pour tout le monde. qu'en dis-tu ?

Mes mots quittent mes lèvres et tout ça me rends bien possessif tout à coup. Je ne comprends même pas mes propres paroles mais peut-être pour lui auront elles un sens, ce jeu entre nous me fais dire que de toute façon nos échanges n'ont aucun sens si ce n'est de penser à notre psychologie qui fait que nous nous connaissons, voilà tout, on apprend à se connaitre sois même. A quel point je me connais, qu'en sais-je sinon rien ? Ma vie a changé. Pour combien de temps....Voilà que mes pensées m'échappe, nuit, donne moi la force d'être éveillé pour te courtiser car mon esprit ne semble pas vouloir m'aider.